
Économie. L’impact positif de la LGV a du mal à irriguer l’ensemble des Côtes-d’Armor
Il y a quasiment deux ans, la LGV arrivait à Rennes. Un lourd investissement qui a mis Saint-Brieuc à 2 h 20 de Paris. Malgré l’augmentation du trafic, l’économie costarmoricaine peine à tirer son épingle du jeu. La faute, notamment, à un manque de solutions de transports pour les derniers kilomètres. Le Club TGV Côtes-d’Armor tente d’y remédier.
Depuis 2017, la ligne à grande vitesse construite entre Le Mans et Rennes positionne Saint-Brieuc à 2 h 20 de Paris.
Depuis 2017, la ligne à grande vitesse construite entre Le Mans et Rennes positionne Saint-Brieuc à 2 h 20 de Paris. | OUEST FRANCE.
Ouest-France Thibaud GRASLAND. Publié le 04/06/2019 à 22h07
Depuis 2017 et la mise en service de la ligne à grande vitesse entre Le Mans et Rennes, Saint-Brieuc est à 2 h 30 de Paris en moyenne par le rail. Les institutions communiquent largement sur cette petite révolution (une heure en moins) et comptent s’en servir comme levier pour développer l’économie et le tourisme dans les Côtes-d’Armor.
Deux ans après, le club TGV des Côtes-d’Armor, qui rassemble institutionnels et entrepreneurs, a fait le point mardi matin à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI). Franck Dubourdieu, directeur commercial de l’axe Atlantique à la SNCF, a livré les premiers résultats. Le nombre de passagers dans les TGV à Saint-Brieuc a grimpé de 17 %. Une hausse un peu moins importante que la moyenne régionale (18 %).
[Le nombre de voyageur a augmenté de 17 % à Saint-Brieuc depuis l’arrivée de la LGV.]
« Avec 10,5 allers-retours par jour, vous bénéficiez vraiment d’une très belle offre à Saint-Brieuc, au regard de votre bassin de population, commente Franck Dubourdieu. Avec 800 000 voyageurs par an, c’est l’équivalent de la population de Saint-Brieuc qui transite chaque mois par la gare ! » Le responsable de la SNCF révèle que la clientèle professionnelle est en hausse de 16 % et la clientèle « jeune » de 40 % depuis l’arrivée de la LGV.
Le problème des derniers kilomètres en sortant du train…
« Deux heures, c’est vraiment un temps de parcours pertinent », poursuit le directeur commercial. L’utilisation de la voiture devient farfelue. Et « on a tué l’aérien ». Une réflexion qui n’a pas manqué de faire rire les entrepreneurs costarmoricains au vu de l’affluence dans leurs deux aéroports.
Désormais, comment faire profiter de « l’effet LGV » à l’ensemble du territoire ? C’est tout l’enjeu des réunions du club TGV. Une enquête réalisée auprès d’entrepreneurs costarmoricains révèle qu’ils sont moins enthousiastes que dans le reste de la Bretagne. La question de la multimodalité et des « derniers kilomètres » est prégnante.
« J’ai l’impression de ne pas profiter pleinement de l’effet TGV, la dernière étape n’existe pas, réagit Hugo Renouardière, directeur de l’Hôtel de Diane aux Sables-d’Or. 95 % de mes clients viennent en voiture. Pour ceux qui osent le train, je dois aller les chercher en voiture à Lamballe, à 25 km.»
Sur le web, une plateforme bretonne multimodale
« C’est le rôle des intercommunalités, reconnaît Erven Léon, président de Côtes-d’Armor Destination. Aucune n’a su résoudre ce problème du dernier kilomètre jusqu’à maintenant… » L’hôtel de Fréhel subit aussi le découpage des intercommunalités réalisé en 2016. Chaque agglomération gère les transports en commun sur son propre territoire. Et les réseaux de bus sont plus ou moins bien développés en fonction des agglos… L’Hôtel de Diane est situé dans celle de Dinan. Et ses clients descendent du train dans celle de Lamballe…
Par ailleurs, tout le monde est d’accord sur l’absurdité d’avoir 15 voitures devant les gares pour venir chercher 15 voyageurs sortant du train. D’autant plus lorsqu’elles vont au même endroit…
« Il est important de poursuivre les échanges sur cette question des derniers kilomètres et de l’intermodalité, observe Thierry Troesch, président de la CCI. La solution ne vient pas forcément de la SNCF. » Pas forcément non plus des collectivités… Elle passera peut-être par le numérique et des plateformes comme OuestGo, le « Blablacar breton » qui prend aussi en compte les transports publics dans les itinéraires de porte à porte, et qui mériterait d’être plus connu. « Saisissez-vous des débats sur la loi d’orientation des mobilités (Lom), suggère aussi Franck Dubourdieu. Elle est en discussion actuellement. »
Les institutions multiplient les opérations de communication
Le club TGV, créé en 2013 pour préparer l’arrivée de la LGV, s’est réuni mardi matin à la CCI, avec de nombreux élus, collectivités et Saint-Brieuc Entreprise. Franck Dubourdieu, directeur commercial de l’axe Atlantique à la SNCF était leur invité. | CCI
Depuis lundi matin et jusqu’au 7 juillet, les belles images des Côtes-d’Armor seront visibles dans les publicités de la plateforme France. TV, qui permet de voir les émissions et les séries de la télévision publique en replay sur le web. Au total, 1 million de spots seront diffusés pendant cinq semaines, « mettant en avant l’intensité du territoire et toute sa diversité économique, culturelle, sportive… »
Objectif ? Attirer des touristes mais aussi des emplois. Côtes-d’Armor Destination et Saint-Brieuc Armor Agglomération ciblent notamment les cadres franciliens. Le département peine à exister entre les deux métropoles de Rennes et de Brest.
Depuis deux ans, les opérations de communication se sont multipliées, dans les gares ou dans le métro à Paris. Avec les spots publicitaires sur internet et à la télévision, des dizaines de milliers d’euros ont été investis.
Le club TGV va également organiser un « job dating », prochainement. La SNCF est prête à mettre à disposition une voiture dans un de ses trains pour « aller chercher des talents » à Paris. « La première question que l’on nous pose, c’est la possibilité trouver un emploi pour le conjoint ou la conjointe. Il y a de l’emploi dans les Côtes-d’Armor. Et une heure de transport pour la population francilienne, c’est tout à fait normal ! »
Côté tourisme, Franck Dubourdieu, directeur commercial de l’axe Atlantique à la SNCF, promet déjà « une excellente saison ». « Nos TGV sont déjà bien remplis pour l’été. »
Ouest france 5 juin 2019 (https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-brieuc-22000/economie-l-impact-positif-de-la-lgv-du-mal-irriguer-l-ensemble-des-cotes-d-armor-6382508